Cette question de la prévention est très intéressante: c’est un signifiant que nous n’employons pas dans notre travail d’analysants de l’analyse, et la question peut nous permettre de préciser la spécificité du discours analytique. Je remercie Sybille Guilhem de venir nous mettre au travail en proposant une lecture qui mérite et incite au débat.
Ce débat, je le situe pour partie ainsi: la prévention est probablement, a minima dans certains cas, nécessaire, ce qui suppose de préciser de quoi et comment, mais est-ce pour autant la visée de la psychanalyse? L'expérience me semble démontrer que non:
- La prévention consiste à éviter / La cure consiste à ne rien éviter.
- Elle suppose de savoir a priori la chose à éviter et donc d’avoir une idée du prévisible / La cure fait place à l’imprévisible et à l’imprédictible, elle vise à approcher ce qu’on ne sait pas. Comment dès lors prévenir?
- Elle peut produire, selon des techniques, de l’uniforme / La psychanalyse n’est pas une technique mais un discours qui encourage chacun à produire sa singularité, son exception.
- Elle fait consister le discours du maître, comme on a pu le voir dans les projets de dépistages de troubles chez les très jeunes enfants / La cure est à l’opposé du discours du maître.
- Elle vise à adapter / La cure produit des bouleversements.
La prévention, absente de la théorisation analytique, donc du propos des analystes, me semble l’être tout autant des dits des candidats à l’analyse. Un sujet vient à la rencontre d’un analyste parce que quelque chose cloche. Pourrait-on engager une cure par souci de prévention? Que ce soit pour l’analysant comme pour l’analyste? Nous aurions là je crois une contre indication majeure.
Bien sûr le débat ne se résume pas à une vision binaire. La prévention peut avoir son intérêt et doit être pensée, voire peut être saluée, il n'y a pas à en mésestimer l'intérêt. Y compris dans le discours analytique, Il arrive dans certains cas de mises en danger graves, qu’il faille intervenir, soit prévenir le danger en marquant son opposition à un passage à l’acte. La psychanalyse ne peut pour autant en faire sa visée, même si elle en a des effets, sauf à se confondre avec la psychothérapie. Le savoir de la psychanalyse, comme Sybille nous le propose au terme de son texte, peut servir à des actions de prévention. Il est à différencier du savoir mis au travail dans la cure. Passer du savoir au discours: en effet le chemin n’est pas aisé.
Plutôt que de prévenir, ce que la psychanalyse nous propose avec le discours analytique dans la cure, c’est d'inventer. N’est-ce pas une caractéristique de l’humain, un rien d’humain, que de pouvoir inventer, au risque de son inconscient?
Cette question de la prévention est très intéressante: c’est un signifiant que nous n’employons pas dans notre travail d’analysants de l’analyse, et la question peut nous permettre de préciser la spécificité du discours analytique. Je remercie Sybille Guilhem de venir nous mettre au travail en proposant une lecture qui mérite et incite au débat.
Ce débat, je le situe pour partie ainsi: la prévention est probablement, a minima dans certains cas, nécessaire, ce qui suppose de préciser de quoi et comment, mais est-ce pour autant la visée de la psychanalyse? L'expérience me semble démontrer que non:
- La prévention consiste à éviter / La cure consiste à ne rien éviter.
- Elle suppose de savoir a priori la chose à éviter et donc d’avoir une idée du prévisible / La cure fait place à l’imprévisible et à l’imprédictible, elle vise à approcher ce qu’on ne sait pas. Comment dès lors prévenir?
- Elle peut produire, selon des techniques, de l’uniforme / La psychanalyse n’est pas une technique mais un discours qui encourage chacun à produire sa singularité, son exception.
- Elle fait consister le discours du maître, comme on a pu le voir dans les projets de dépistages de troubles chez les très jeunes enfants / La cure est à l’opposé du discours du maître.
- Elle vise à adapter / La cure produit des bouleversements.
La prévention, absente de la théorisation analytique, donc du propos des analystes, me semble l’être tout autant des dits des candidats à l’analyse. Un sujet vient à la rencontre d’un analyste parce que quelque chose cloche. Pourrait-on engager une cure par souci de prévention? Que ce soit pour l’analysant comme pour l’analyste? Nous aurions là je crois une contre indication majeure.
Bien sûr le débat ne se résume pas à une vision binaire. La prévention peut avoir son intérêt et doit être pensée, voire peut être saluée, il n'y a pas à en mésestimer l'intérêt. Y compris dans le discours analytique, Il arrive dans certains cas de mises en danger graves, qu’il faille intervenir, soit prévenir le danger en marquant son opposition à un passage à l’acte. La psychanalyse ne peut pour autant en faire sa visée, même si elle en a des effets, sauf à se confondre avec la psychothérapie. Le savoir de la psychanalyse, comme Sybille nous le propose au terme de son texte, peut servir à des actions de prévention. Il est à différencier du savoir mis au travail dans la cure. Passer du savoir au discours: en effet le chemin n’est pas aisé.
Plutôt que de prévenir, ce que la psychanalyse nous propose avec le discours analytique dans la cure, c’est d'inventer. N’est-ce pas une caractéristique de l’humain, un rien d’humain, que de pouvoir inventer, au risque de son inconscient?